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maces quand Trinette ne me voit pas. Ça fait que ses deux gros yeux restent fixés sur moi de côté, pendant que Trinette commence à chatouiller sa leppe d’en bas avec la cuiller. Alors, comme il sent ça, il ouvre une grande bouche, tout en continuant à me fixer de côté, et Trinette, en relevant fort le manche de la cuiller, fait tomber dedans le petit paquet de boullie.

Mais il ne sait pas quoi faire avec, et il le laisse retomber dehors, ça court sur son menton et Trinette le rattrape vite avec la cuiller, puis elle recommence à le lui remettre dans la bouche et le laisse encore raller dehors en bavant ; elle le rattrape encore en bas de son menton tout plaqué, lui remette encore dedans.

Et lui qui me fixe toujours, il veut dire « oua, oua », et la boullie glisse jusqu’à sa bavette jaune où Trinette la ramasse en grattant pour lui faire encore ravaler. Et je suis si dégoûté que je commence à crier comme quand on va vomer, alors l’enfant tourne toute sa tête de mon côté et Trinette justement arrive à son oreille avec la cuiller de boullie.

Volez-ve cori fou d’chal, mâhonteux ! qu’elle me crie toute fâchée.

Et je m’en vais en faisant une grosse reupeye.

* * *

Il ne sait vraiment rien faire, tenez, ce laid p’tit-là, qu’on continue toujours à l’appeler