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une petite cuiller de bois, puis elle met un peu de suc-en-poute. Et en apprêtant ça pendant que l’enfant crie sur son autre bras, elle parle fort et fait la bête, pour que le p’tit écoute.

Awet, awet, ine bonne pitite choppe po li p’tit mamé da s’moraine.

Mais lui il crie quand même.

Gn’avou des chouk toi plein.

Et lui il s’enfiche, je crois, de la petite « choppe », comme elle dit.

Et vos, vos n’arez nin delle bonne soppe di l’èfant, qu’elle dit encore à moi, afin que le petit s’intéresse à sa soupe.

— Je n’en veux pas non plus de cette paeye-là, tiens, cela me dégoûte la pailette et la cuiller.

Awet, vos estez djalot, vos voriz bin enn’ avu, parêt.

Elle m’embête toujours, elle, Trinette, comme si je voudrais bien être à la place du laid petit avec ses crapes et son tuturon de bouteille.

Po qui est-ce li bonne pitite choppe ? qu’elle crie de toutes ses forces, en mettant l’enfant sur ses genoux, avec la petite pailette au bord de la table. Et elle prend un peu de la bouillie avec la cuiller, elle souffelle longtemps dessus, elle goûte un peu (pouf !), puis elle fait comme si elle voulait le manger tout, tellement que c’est bon, afin que l’enfant veulle l’avoir. Mais l’enfant qu’elle a tourné de son côté veut quand même me regarder parce que je lui fais des gri-