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vais. C’est près d’un pont et à côté de la porte il y a un grand tableau avec beaucoup des dents de mort toutes blanches, qui font de laides grimaces ; j’avais déjà si peur en voyant cela. Il fallait monter en haut et je bardouhais dans les grés pendant que mon oncle me tirait en l’air par le bras.

Et puis, il y avait une chambre avec des gens qui avaient mal leurs dents aussi, avec des figures toutes houzées d’un côté, une femme avec un gros châle sur sa tête qu’on ne voyait presque plus rien et qu’elle était toute ramassée comme un paquet et qu’elle maquait ses pieds à terre l’un après l’autre, comme si on jouait de la musique pour danser. Puis un vieux homme, avec une grosse écharpe violette qu’il avait remis autour de sa tête et sa casquette dessus ; et puis un garçon un peu plus vieux que moi qui avait un mouchoir de poche plié et lié au-dessus de sa tête près de ses oreilles et par en dessous de son menton, et tellement serré, pour avoir chaud, qu’il ne pouvait plus parler, et que ses chiffes lui bouchaient ses yeux presque.

De temps en temps, l’homme aux dents ouvrait une autre porte et disait :

À qui le tour ? en riant, comme s’il avait bon de faire mal aux gens qu’il faisait entrer dans la place à côté.

Puis ç’a été moi, binamé bon Dieu, donc !

Il me semblait que je n’avais plus des jambes et je ne pouvais pas venir bas de ma