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croire, quand c’est que j’aurais encore mal pour du bon.

Ni brayez nin si laid ! Rawardez seulemint deux jous, vos irez l’fer râyi dimègne, on deut justumint aller à Lîge, vos irez avou po voss’ dint. N’a nin mèsahe dè gueuyi comme on foérsolé.

Moi, je ne dis presque plus rien. Je tuse. Ça fait mal de me l’faire arracher. Et ça fait déjà mal quand on ne me l’arrache pas. Mais cela ne fait plus mal quand on parle de l’arracher tellement que j’ai peur. Alors, il faudrait tout le temps en parler et jamais le faire !

Deux jours qu’il me faut rattendre. J’ai encore mal de temps en temps, quand je chipote après mon dent. Et chaque fois que quelqu’un de la maison me voit que je commence à refaire des hègnes et à vouloir chouler de mal, ils se mettent à crier :

C’est après-demain qu’iret s’t’a Lîge po fer râyi s’ dint.

A bin bon lu, li p’tit d’aller ainsi à Lîge qwand c’est justumint l’fiesse à St-Phoyin. I veuret l’porcechion et nos autes nin.

Et pourtant, je ne me rafie pas de la voir, parce que je sais bien que l’homme va me herrer un usteye dans la bouche et grawi et m’faire du mal. Et encore deux jours comme ça, que je ne sais pas même manger et j’enrache de voir les autres se bourrer tant qu’ils peuvent et loffer ma part.

Clintchiz voss’ tiesse et magn’tez tot