Page:Remy - Les ceux de chez nous, vol 6, Faire faire mon portrait, 1916.djvu/7

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

VI

FAIRE FAIRE FAIRE MON PORTRAIT

Thoumas est bête.

Il est fort bête, Thoumas. D’abord c’est un Flamand ; quand il veut dire en wallon des Monsieurs, au lieu de dire des Mècheux, il dit des Meskeutes. Comme c’est malin !

Thoumas, c’est notre marlachat. C’est lui qui va moude les vaches comme une femme, puis il balye très bien la cour avec un grand ramon, le samedi au soir. Et il est si fort qu’avec une berwette toute pleine d’ensenne il court jusqu’à la copette du hopai, malgré que la roue enfonce qu’on ne la voit presque plus. Mais il ne sait pas aller autour des chevaux et les atteler, les faire marcher en leur disant des mots : tirer, hire ou faire hotte ! hotte ! hotte ! avec le l’â-filet. C’est pour ça que le Vieux Jean, celui qui mène les charrettes et les carmannes et qui sait faire un si beau carillon avec sa corixhe qu’on l’en-