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ne tient pas sur ta tête, et quand il fera du vent, fils...

— Gn’a un élastique pour la ratnir, que je dis.

— Et nos mettran on boquet d’gazette à d’vins dè cur po l’fé strinde, dit Thoumas en tirant une bourse de bleuve toile avec des longs cordons pour payer.

Mais il se tourne d’un autre côté pour chercher après les francs et les cennes qu’il faut ; il ne veut pas qu’on voie ce qu’il y a dans sa bourse. Quand j’aurai un porte-monnaie avec du vrai argent, je ferai comme ça aussi.

Nous sommes revenus par des rues où il y a tellement des gens qu’on va à stock dessus sans le savoir. Comme j’avais justement deux cennes et demie que je gardais depuis bien longtemps, j’ai acheté une orange à la femme qui les vend sur la rue, un grand panier tout plein, avec un grand long chignon, des cheveux derrière sa tête. J’ai pris la plus grosse orange que je pouvais, j’ai fait un trou avec mon doigt, puis je tire avec ma bouche en tinglant mes chiffes. Thoumas marche devant avec mon vieux chapeau dans une gazette, et moi je fais tout plein des petits pas derrière pour le rattraper en suçant mon orange qui est déjà presque finie ; alors je la déchire et je mange le jaune en soufflant les pépins, mais je gratte encore un peu avec mes dents pour avoir le blanc qui est en dedans de la pelure. Il y a encore