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avait de trop dans le portrait du curé ; mais ça s’efface et maintenant je joue à faire couler la sirope sans en manger, car j’en ai tellement avalé que je ne peux presque plus pâpi. Quand j’en prends à mon doigt que je tiens en l’air, alors la sirope va tout doucement en dessous de la pointe et fait une grosse goutte qui tombe lentement avec une longue ficelle noire qui la retient, dirait-on. Et puis la ficelle — c’est comme une lacette de soulier toute neuve — elle continue à descendre en faisant des plis et en se roulant comme de la vermicelle. C’est tellement amusant ! Pour faire encore plus mieux, voilà que j’ai trempé toute ma main dans le tonneau. Je la ferme, je la rouvre dans la sirope qui passe dans mes doigts, tout frais et glissant comme de la djièle. Ça fait fratch ! fritch ! et la boule de sirope saute hors de ma main comme un crapaud.

Quel dommage que je n’ai plus faim. Mais tout de même si je me la laissais couler de haut dans ma bouche, la sirope, comme j’ai déjà fait avec l’eau qui court de la chenau quand il pleut ?

Et je lève ma main toute pleine, je mets mes cinq doigts comme les pieds d’une table et je mets ma bouche en dessous pour attraper les cinq filets qui courent. Waye ! je n’ai