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dront se taper dessus et nous les happerons.

Moi, il me semble qu’ils sont tout le même trop bêtes aussi les oiseaux, qui ne voient pas que c’est une farce. Ce n’est pas moi qu’on attraperait comme ça !

Tout ça c’était l’autre jour.

Et maintenant nous allons à la tenderie tout au matin. Il faut se lever si tôt, qu’il ne fait pas encore fort clair ; les poules ne sont pas encore sorties et les moineaux commencent à faire tchiripp dans les marronniers. Je mets un vieux costume et ma tante m’attache encore un châle violet à elle qu’elle me croise devant pour l’attacher derrière à la ceinture. J’ai bon avec. Et puis mon vieux chapeau qui n’a plus de ruban et vient jusque dans ma hanette.

Mon oncle met un court sarrau tout hoyou où qu’on voit sa grosse camisole brune par en dessous ; et puis sa casquette avec une grande penne et deux pattes à cordons qui descendent sur ses oreilles.

Je porte la reusse pour mettre les oiseaux tués, c’est un vieux chapeau qu’on a coupé les bords et puis mis une résille de ficelles ; dans mon autre main, j’ai une petite gayoule vide où que mon oncle met les ceux qu’il veut garder pour revendre ou mettre à la mowe.

Lui, il se tient tout bossu, parce qu’il a sur son dos le grand sac gris avec tout le herna et les quatre bouçons liés ensemble avec un petit nâli ; puis dans l’autre main, une longue planchette avec des clous où qu’il