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ques dignesses ; so c’timps là j’irai prinde çou qui fat d’cohes è bouhon po noss baraque !

Comme j’aime beaucoup de marauder, ça m’amuse d’aller voler les navais du gros Linà.

J’en prends le plus que je peux, et les plus beaux ; les autres je les jette à la vire et je fole dans tous ; j’ai même voulu manger un, pour faire displi, car je ne les aime pas, c’est trop aiwisse.

Les dignesses (genêts) j’en prends aussi au bord de la route, mais il faut tirer si fort pour avoir une hors de terre que ça me fait mal dans les mains malgré que j’ai craché dedans. Quand je reviens tout chargé, avec de la terre sur mes bas et mon costume, mon oncle est déjà là et il fait deux trous avec la pôle, et la terre des deux trous il la remet entre les deux pour faire comme un banc pour s’asseoir. Sur les côtés, voilà qu’il plante les branches de plope et de neuhi en les faisant tourner comme le bord d’un bodet et en les mêlant comme pour faire une haie. On ne voit plus outre. Il laisse une place vide devant pour voir le herna, et une derrière pour que je sorte quand il faut tourner les oiseaux qui ne veulent pas venir tout de suite se faire happer. Nous plantons le dernier piquet derrière la baraque, celui qui sert à bien tingler le séchant, puis mon oncle fait comme un petit jardin au milieu du herna, et il y met les navais et les dignesses arrangés comme un bouhon.

Et les oiseaux croiront que c’est un vrai jardin avec des affaires pour manger ; ils vien-