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vite l’appelle qui faut et il tûtelle dedans comme une grosse mouche contre le carreau. Quand il a zûné ainsi un petit temps, on voit tout le même arriver deux ou trois oiseaux qui ont l’air de sauter à la corde en courant comme les petites filles.

Quand ils viennent plus près, mon oncle tûtelle plus fort en les regardant avec colère et en tirant sur les mowes. Mais les oiseaux passent sans faire attention.

— C’esteut des kaikeux, blesse, qu’il me dit.

Puis un peu après, quand il n’appelle plus, voilà notre lignerou de la prihnîre qui fait chip chip, et je vois une petite volée qui vient se taper dans les pommes de terre ici tout près.

— Habeye allez tourner, tot doucemint, savez, et accropihez-ve bin.

Je sors de la baraque en me tenant tout bossu, je fais un grand tour par les tremblunes, puis je vais lentement dans la grande aroye des pommes de terre. J’entends mon oncle qui fait comme les lignerous avec son appelle et l’oiseau de la mowe saute un petit peu en l’air à la pointe de la baguette.

Tout doucement, à c’t’eure. Ils sont là, les oiseaux, dans les rantches, j’en vois un qui me regarde venir avec des petits yeux ronds. Je fais comme si j’avais peur, mais c’est lui qui a peur et qui se sauve tout d’un coup, et les autres le suivent. Ils ne volent pas presque plus haut que les rantches et ils vont du côté du herna, tandis que je m’accropihe vite. Mais ils se tapent encore sur la steule juste