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retourne parce qu’il fait clair. C’est la fenêtre qui est un carré bien droit tout blanc ; il y a la lune qui regarde dans la chambre pour savoir ce qu’on fait dans les maisons.

C’est une grosse figure triste, celle de Bawdin qui est dans la lune, et il me regarde comme un malade qu’on vient voir, tout ennuyé parce qu’il ne peut pas sortir. Je ne sais pas comment Bawdin a fait pour aller dans la lune ; on ne peut jamais me l’expliquer quand je le demande ; mais pourtant il y est, puisqu’on voit sa figure dedans.

Elle va si vite, si vite, la lune, que je deviens presque tournisse à la regarder comme elle passe outre dans les nuleyes toutes déchirées comme des vieilles cliquottes. Et pourtant elle reste quand même devant la fenêtre à me fixer, que je commence à avoir peur. Et j’entends qu’il souffle si fort par les crevure de la fenêtre et voilà qu’une branche toute noire du gros marronnier qui commence à me faire des signes.

Elle remue si fort, avec des chocs comme pour dire : « Mon Dieu, mon Dieu ! » ou bien : « Courez vite, habie donc ! » ; puis elle se cache un peu, pour me rattendre, et alors elle remue comme un poing qui dit : « Je t’raurai, je t’raurai ! »

Et le vent qui hoûle par en dessous la porte d’en bas… et Bayard qui roubine contre le mur… et Braibant qui beurleye encore des petits coups tout bas, j’ai peur, j’ai peur !

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