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Les mècheux c’est tous des laides sales gens comme le maçon Lodomé, le gros Hangneye, le père de Zante, Djôre, qui est déjà saoûl quand on n’a pas encore commencé. Il y a encore Bolleux, le scrinî, qu’on appelle toujours Maqueye, peut-être parce qu’il en mange trop, le vieux Michî qui ne voit presque rien et qui parle tout seul sur une chaise, et qui n’a plus rien dans son hèna, tellement que ses mains tremblent, le sot Houbert, comme on dit, qui ne comprend rien de rien et rit toujours en se donnant lui-même chaque fois une calotte. Et puis, M. Lucas Gardedieu, un homme capâpe, qui écoute tout ce qu’on lui dit en poussant son nez de côté avec son doigt levé, puis il fronce les sourcils et crie :

— Oui… mais… non.

Alors on croit qu’il sait mieux tout que tout le monde ensemble, et on répète toujours que c’est quelqu’un de fort sintincieux et capâpe ; peut-être qu’il n’est qu’une grosse bête, mais c’est pas moi qui ira l’dire, est-ce pas !

Et vola n’gotte di doux po li p’tit avou on bai noû croquet, que l’homme de la ferme me dit en arrivant devant moi avec son plateau où il ne reste plus qu’un laid petit verre avec quelque chose de jaune comme de l’huile de lamponette, et il a dans son autre main, toute sale, un pain grec qui a l’air chamossi. Je les prends, et, comme personne n’a l’air de m’acompter pour trinquer avec moi, je me retourne contre le mur près du vieux Michî pour goûter les affaires. Mauvais, mauvais ! Le jaune verre, c’est tout fat et