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XII

Batte les coqs

Avec Vix-Jean que j’ai été un dimanche après-midi pour les coqs. Il me l’avait promis parce que je l’aide toujours à atteler et dételer les chevaux, je sais déjà assez bien ; et lui c’est un fin amateur dans les coqs, on dit toujours de lui :

— C’est onk qu’est k’noheu et pârteye.

Et quand on lui dit ça, il répond :

— Damache ! Vola trinte ans qui j’fais d’vins les coqs.

Mais il n’a pas de coq à lui, parce que mon oncle ne veut pas à cause qu’il ne lui plaît pas, paret, dit-il, d’aller au tribunal avec le garde-champette. Nous avons été avec Vix-Jean par les petits chemins et en coupant au court dans des champs, nous avons descendu les Trixhes, puis des routes que je ne connais pas et où je n’oserais jamais aller tout seul. Vix-Jean faisait des grandes ascoheyes et moi beaucoup des petits pas. Il ne parlait pas et moi je n’osais pas ; il pleuvait, son sâro reluisait avec l’eau, et moi, quand je m penchais en avant, l’eau coulait hors du bord de mon chapeau où qu’elle restait comme dans un coronisse. C’est loin, et on le fait exprès de