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vass riqwire li pèce divant qui li p’tit filou n’elle kitape.

Awet, s’il est co timps, si s’ père ni li a nin déjà pris po l’beûre, dit mon oncle.

Pendant que je pleure dans un coin, mon oncle et ma tante me regardent et ils se parlent de moi.

Il s’ troûbelle èdon surmint d’aller d’ner ses censes èvoye comme on napai.

Mon Diu, qui sèret-ce pôr pu tard ; on k’tapeu d’ârgint.

Awet, il k’mince bin !

Et tous les deux ensemble me crient :

Po l’ jou d’ vos pâques, affronté jubet !

Voilà Zante maintenant ; il pleure aussi parce que Trinette l’a empoigné par le bras et lui a donné un gros coup sur son derrière, à chaque pas.

Volla louquiz li rasse di brigand qui v’ happreut voss chimîhe so l’ coèrps mainme. Abeye, rindez-li s’ pèce, Cartouche, Troppmann, Magonet, qui v’ estez.

Le pauvre Zante jette la pièce sur une chaise qui est près de moi ; il m’ regarde en pleurant, et moi je n’ose pas le regarder, il croit peut-être que je suis un traite. On le pousse à la porte en criant encore après lui et sa famille. Et on me barbote encore un peu en enfermant les cinq francs, puis on m’envoie remettre un vieux costume pour le soir. Trinette vient m’aider et en me tirant mes souliers qui me font si mal, elle dit en pinçant sa bouche :

Ci n’est nin Napoléong qu’ âreut fait s’ t’ ainsi po l’ jou d’ses pâques !

Ah ! il m’embête, le jour de mes pâques !