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pour les pâques et on ne peut plus rien faire avec, c’est ça le beau. Et mon chapeau aussi, je ne le mettrai plus, tandis que Zante a seulement une casquette de vroul avec un bouton au-dessus, et il la mettra encore beaucoup des dimanches, puis tous les jours quand elle sera sale.

Voilà qu’il essaie encore de fumer, mais on dirait qu’il a peur du cigare, parce qu’il ne met qu’une petite pointe dans ses leppes qu’il fait avancer le plus qu’il peut, puis il l’ôte vite au bout de son bras étendu, en soufflant une petite fumière.

— Ne fume plus donc, bête, puisque ça te fait vômer.

I’m plaît, mi ! C’est l'joû d’mes pâques, èdon ; et c’est m’ prumî chigore qui m’ pére mi l’a d’né comme il l’aveut promettou. Pace qui ine pupe, dis-ti, c’est par trop foèrt po k’minci ([1]).

Et il veut encore essayer, mais il lui prend la hiquette et voilà qu’il veut encore vômer. Il m’ dégoûte. Alors je lui montre mes trois pièces que je mets en rang sur ma main étendue.

Hie ! les bellès mèdailles, dit-il.

— Bête, c’est des pièces de cinq francs da moi.

Oho. Ji n’aveu maye veyou pu lon qui des pèces d’on franc.

Pauve Zante ! il n’a jamais rien, et pour ses pâques, on ne lui a donné qu’un sale

  1. C’est — ou c’était — un usage populaire dans la Plateau de Herve, que les garçons fissent leurs débuts comme fumeurs le jour de leur première communion. Ce cérémonial équivaudrait-il au port de la toga pretexta chez les Romains ?