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Un jour, tout au matin, ma tante a venu me faire lever ; elle m’a appelé houyeu ! et elle m’a lavé malgré moi en frottant de tous ses plus fort dans mon cou. En bas, dans la place, il y avait un monsieur avec un gros paquet en dessous de son bras.

On ne me dit rien, mais je vois bien que c’est des gros paletots à choisir. Le vieux est devenu si petit qu’on ne sait plus le raboutonner et les manches sont si courtes que mes mains pendent dehors, et encore un morceau de bras avec. On le donnera à la femme Djôr qui a déjà venu demander après, deux ou trois coups. C’est pour Zante, le garçon que je joue aux maïes avec. Zante de chez Djôr est encore plus petit que moi, alors c’est moi qui est maître, de nous deux. Et pour le faire tout fâché, je fais comme le maître d’école et je l’appelle avec une grosse voix : Alexandre Joiris ! alors il enrache et il court après moi.

Comme ils sont beaux les nouveaux gros paletots ! Le monsieur dit des pardessus. C’est un homme comme il faut ; et il déplie si bien les paletots comme s’il y avait quéque chose dedans.

C’est le bleu qu’il me faut ; mais je n’ose pas le dire parce que peut-être alors qu’on ne me le donnera pas. On me les fait essayer tous ; ça ne coûte rien, est-ce pas. Quand j’ai mis un, je dois aller jusqu’à l’horloge, et puis revenir ; je marque le pas comme à l’école en laissant pendre mes bras pour que ce soit plus beau, et mieux faire comme les postures