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mais sur mes deux talons seulement, et sans sortir de la pierre où que je suis.

Ma tante Dolphine est une gens bien plus comme il faut que nous autres. D’abord elle parle français, même quand il n’y a pas des étrangers ; et puis elle lit toujours des gros rouleaux de feuilletons coupés hors des gazettes que la femme au lait lui rapporte de Liége.

Pour un beau gros paletot, c’est un beau gros paletot, dit-elle, en venant pincer l’étoffe pour voir si c’est bon et regarder la doublure qui reluit comme la barbe d’un noir masque.

Vingt-cinq francs qu’il coûte ! que je dis, moi, tout content.

Paf ! encore une calotte et encore une autre après. — On n’el dit nin, biesse !

Il ne faut jamais dire le prix de ses affaires, dit ma tante Dolphine, en se retenant pour ne pas rire, sur le temps que je frotte ma tête avec mon chapeau tout attrapé.

Elle me donne une longue boîte vide où il y avait des boules de savon ; ça sent les fleurs de procession, et il y a une belle dentelle au bord. J’y mettrai des abalowes quand il y en aura.

Nous retournons chez nous. Il fait chaud quand nous entrons dans la place : c’est comme quand on met sa joue au-dessus de sa jatte de café.

Et vola l’ bâbô louquiz, qu’a stu braire to costé l’prix di s’mousseure, dit ma tante en me poussant du côté de la gazette toute