môniers. Il parcourt les ruës & les
places publiques, qu’il trouve remplies
de malades & de gens moribonds ;
il répand par tout des aumônes
& des conſolations, il ranime les
malades, il les encourage, il les
exhorte à ſouffrir avec patience, & à
mourir avec reſignation ; ceux qui
ſont à ſa ſuite les confeſſent, & ſe
détachent de tems en tems, pour entrer
dans les maiſons en confeſſer
d’autres : il paſſe tous les jours dans
le Cours, & dans ces endroits, dont
les aproches étoient ſi formidables par
le grand nombre de morts & de malades,
& où le feu de la contagion étoit
le plus vif en ce tems-là. Tel on
vit autrefois Aaron, dans le camp
des Iſraëlites, aller l’Encenſoir à la
main entre les vivants & les morts[1],
priant pour le Peuple, & obtenant
par ſes prieres la ceſſation d’une playe
qui en tua quatorze mille ſept cens
en un moment. Ainſi va nôtre Prêlat
entre les morts & les mourans,
préſentant au Seigneur l’encens de ſa
charité & de ſes aumônes, pour apaiſer
ſa colere ; dans cet état il aproche
les malades, il les excite à des actes
- ↑ Numer. cap. 16. v. 48.