Page:Relation historique de la peste de Marseille en 1720, 1721.djvu/178

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
160
Relation Hiſtorique


Ils y ſont pêle-mêle couchés à terre, ſur des bancs de pierre, & par tout où l’on peut porter la vûë : ceux qui y ſont le plus commodement, n’ont qu’une ſimple paillaſſe ſans draps, ſans couvertures, à la reſerve d’un petit nombre qui occupe les ſales, tout le reſte y eſt ſans ſecours & ſans commodité. Eh ! que pouvoient-ils attendre de ceux, qui ne s’étoient deſtinés à les ſervir, que pour exercer plus librement leurs brigandages : des ames venduës au crime, ſont-elles ſuſceptibles des ſentimens de compaſſion & de charité, dont il faut être animé pour ſecourir les malades. Repreſentons-nous quel devoit être le trouble & le déſeſpoir de ces malades ; livrés à des gens impitoyables, ils ſe trouvoient auſſi abandonnés dans cet Hôpital, qu’ils l’étoient dans leurs maiſons ; & ce qui eſt encore plus affligeant pour eux, c’eſt que la plûpart y ayant porté leur argent, & ce qu’ils avoient de plus précieux, comme dans un lieu de ſûreté, ſe voyoient hors d’eſpoir de le conſerver à leurs heritiers, aſſûrés d’en être dépoüillés, comme ceux qui mou-