on lui crie du plus loin que l’on peut,
qu’il aye bon courage, tandis qu’on
le lui abat par ce cruel délaiſſement,
heureux ſi on lui livre un Domeſtique,
tout le reſte de la famille s’enferme
dans l’apartement le plus éloigné
de la chambre du malade, ou
même abandonne tout-à-fait la maiſon.
Dans ce triſte état, le malade
ne voit plus que l’affreux image de
la mort, que cet abandonnement
ſemble lui annoncer : ſon trouble ſe
montre par des yeux étincelans, par
un regard égaré, & par un viſage
tout contrefait : le Medecin emploit
vainement ſon art pour le guérir, &
ſon éloquence pour le raſſûrer : ſouvent
les précautions dont il uſe lui-même,
en aprochant le malade, démentent
ce qu’il lui dit, & finalement
ce malheureux meurt dénué de
tout ſecours & de toute conſolation,
& laiſſe à des parens ingrats un bien
conſiderable, qui lui a été inutile
dans ces derniers moments.
Paſſons de celle-là dans les maiſons voiſines, & nous y trouverons dans la même chambre, & ſouvent dans le même lict toute une famille acca-