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Le Prince peut conclure la paix pour un laps de temps déterminé, ou en se réservant la faculté de recommencer les hostilités quand il le jugera convenable et licite ; mais une pareille condition ne doit pas être accordée aux Infidèles.

La paix une fois conclue, rien ne saurait autoriser le Prince à la rompre et à reprendre les armes, à moins que l’ennemi n’eut manifestement enfreint les conditions du traité, ou qu’il n’eut agi d’une manière hostile envers les Musulmans, soit en attentant à leur personne, soit en ravageant leurs propriétés et en pillant leurs biens, soit en proférant des paroles injurieuses contre Mahomet. Que si quelques individus seulement parmi les Infidèles, avaient violé la paix, et que leurs compatriotes ne les en eussent ni empêchés, ni punis, tous seraient censés coupables de cette violation de la foi jurée ; mais si le corps de la nation envoyait une députation vers les Musulmans, et représentait que la masse n’a pris aucune part à ce qui est arrivé, que c’est uniquement le fait de quelques hommes, la paix devrait être maintenue.

Il n’appartient qu’au Prince ou à celui qu’il a chargé de ses pouvoirs, de conclure la paix, et, dès qu’elle est convenue, il doit, ainsi que son successeur, en observer les conditions, protéger la personne et les biens des Infidèles, et rendre, comme allié, tous les bons offices compatibles avec ce que prescrit la loi divine, c’est-à-dire le Koran. Si, néanmoins le Prince soupçonnait que les Infidèles se préparent secrètement à la guerre, il pourrait, pourvu que le soupçon fût fondé sur quelque chose de spécieux, déclarer la paix rompue, et commencer lui-même les hostilités.

Maintenant l’on connaît les principales dispositions du droit des Musulmans relatives à la guerre contre les Chrétiens et le autres peuples qui ne professent pas l’Islamisme. Extraites pour la plus grande partie d’un manuscrit oriental tombé par hasard entre nos mains, nous n’y avons ajouté, comme on s’en appercevra facilement, que fort peu de chose, et seulement ce qui nous a semblé nécessaire pour mieux éclaircir la matière.



FIN.