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2° ceux qui ne reconnaissent aucune divinité, par conséquent les athées. Tant qu’il existe un prince à la tête des Croyans, il doit combattre les hommes composant ces deux cathégories jusqu’à ce qu’ils se convertissent à la foi musulmane, et il n’est pas permis ni de les laisser en repos, ni d’accepter de leur part le Djizia ou tribut prix de la liberté de conscience.

Si un Harbi avait demeuré quelque tems sur le territoire musulman, dans l’ignorance où l’on était de sa véritable condition, il ne devrait pas payer le tribut, puisqu’il est interdit de le recevoir des mains d’un pareil homme, mais il devrait au maître de la maison qu’il aurait occupée le prix de sa jouissance, et il serait permis ou de le tuer ou de le réduire en servitude ou de le chasser du territoire.

La troisième classe enfin des hommes auxquels les Musulmans sont obligés de faire la guerre comprend les peuples qui possédant un livre ou loi écrite qu’ils tiennent pour révélée, en font la règle de leur foi et de leur culte. Ceux-là s’appellent dans la langue du Koran : Ahlou’l kitâbi, peuples du livre. Tels sont : les Juifs, sectateurs de la loi de Moïse, les Chrétiens qui reconnaissent l’Évangile et parmi les Persans ceux qui ont en vénération le Zendavesta ou livre de Zoroastre. Tous ces peuples, les Musulmans doivent les combattre jusqu’à ce qu’ils embrassent l’Islamisme, ou qu’ils consentent à payer tribut pour obtenir la liberté de conscience.

Les Juifs, les Chrétiens et les Parsis[1] sont particulièrement ceux auxquels s’applique l’expression de peuples du livre ; mais parmi les Arabes et même parmi les Musulmans, il ne manqua pas cependant d’imposteurs qui cherchèrent à fonder une nouvelle religion ou une hérésie, sur un livre, à l’exemple de Mahomet. Le plus célèbre de ces imposteurs fut un certain Moséiléma qui du vivant même du Prophète opposa au Koran un ouvrage de sa composition. Bientôt il réussit à attirer à lui tant de prosélytes qu’il sembla un instant assez fort pour balancer la fortune de Mahomet et malgré de nombreuses défaites, sa secte parvint à se soutenir jusqu’aux tems du kalife Omar. Abou’lfaradj nous a conservé un passage du Koran de Moséiléma[2], et il existe encore plusieurs fragmens du même livre dans divers manuscripts.

  1. On appelle encore les sectateurs du culte de Zoroastre Guèbres et Gaures.
  2. Hist. Dynast. p. 164.