Page:Reland - Institutions du droit mahométan relatives à la guerre sainte, trad. Solvet, 1838.djvu/14

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

dans ce cas, celui-ci n’est jamais obligé de défendre les jours de son maître au péril de sa vie.

Malgré ce que nous venons de dire, l’esclavage ne forme pas un empêchement absolu ; car les Persans permettent à leurs Imams ou princes de faire marcher les esclaves à la guerre lorsque les maîtres y consentent.

Pour être capable de porter les armes, il faut encore :

5° Ne pas avoir atteint l’âge de la vieillesse.

6° Ne point être inhabile aux travaux et aux fatigues de la guerre.

7° N’être ni aveugle, ni boiteux, de telle sorte qu’on ne puisse ni marcher à pied, ni monter à cheval.

8° N’être ni malade, ni mutilé, ni manchot. Le mal de dents et les fièvres légéres ne sont pas regardés comme des maladies et ne servent pas d’excuse. Si quelqu’un pour ces simples incommodités voulait s’exempter du devoir de porter les armes et qu’il eut d’ailleurs le moyen de se faire remplacer, des docteurs pensent qu’il le pourrait, mais d’autres sont d’un avis contraire.

9° Il faut de plus avoir assez d’aisance, et pour se procurer à ses propres frais les armes ainsi que les autres choses nécessaires à la guerre, et pour fournir en son absence à l’entretien de sa famille.

10° Être en état de se pourvoir d’un cheval, sans quoi l’on n’est pas tenu d’aller à la guerre, quelle que soit la distance qui sépare de l’ennemi. Néanmoins des docteurs pensent que la nécessité de pouvoir se procurer un cheval n’a lieu que dans le cas où l’on doit se transporter à une distance de huit milles. Si quelqu’un fournissait libéralement à l’entretien d’un Musulman, de manière que ses dons fussent suffisans pour soutenir la famille, et que de plus il lui donnât un cheval, ce musulman serait obligé de porter les armes.

11° Il faut être libre de tout engagement pécuniaire. Le musulman qui veut se mettre en campagne ne doit pas partir chargé d’une dette exigible, si pouvant d’ailleurs se libérer, son créancier exige le paiement. En effet le débiteur ne peut aller à la guerre qu’autant qu’il a satisfait son créancier, soit en acquittant sa dette, soit en donnant un gage, soit de toute autre manière. Cependant, si nonobstant l’opposition du créancier le prince ordonnait au débiteur de suivre l’armée, le créancier n’aurait plus le droit de mettre obstacle à son départ. Toutefois il est d’usage de ne pas trop exposer au danger un débiteur dans cette situation et de ne pas l’envoyer à une mort certaine, de peur que le créancier n’éprouve