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et assez forte pour pouvoir vaincre l’ennemi. Toutefois, vous êtes obligé de prendre les armes, si l’Imam vous en a particulièrement donné l’ordre ; si vous vous y êtes engagé par un vœu formel ; si enfin vous vous trouvez sur le lieu même que les deux armées ont choisi soit pour camper, soit pour livrer bataille, surtout lorsque les Musulmans sont inférieurs en nombre à leurs ennemis.

Une fois au moins chaque année, une expédition doit être dirigée contre les Infidèles, et de puissantes raisons, telles que le défaut de soldats, de vivres, de fourrages peuvent seules dispenser de ce devoir. C’est ainsi à peu près que chez les Athéniens les Stratéges étaient obligés de faire marcher deux fois par an une armée contre les habitans de Mégare pour ravager leur territoire, et suivant ce que rapporte Plutarque dans la vie de Périclès, ces officiers en faisaient le serment solennel lors de leur entrée en fonctions.

Avant de partir pour une semblable expédition, le prince ou celui qu’il se substitue, car cela est indifférent, doit pourvoir les places frontières des troupes et des munitions de guerre et de bouche nécessaires, réparer leurs fossés et leurs murailles, et nommer dans chaque province un gouverneur ou Émir pour commander les forces militaires et veiller à ce que la chose publique ne souffre aucun dommage.

Pour avoir la capacité de porter les armes, il faut :

1° Être du sexe masculin. Les femmes et les hermaphrodites ne vont pas à la guerre. Cependant le Prince peut permettre aux femmes de suivre l’armée, soit pour porter de l’eau, soit pour avoir soin des malades, soit pour rendre d’autres services de ce genre.

2° Être en âge de puberté.

3° Être sain d’esprit.

4° Être de condition libre. L’esclave, en effet, n’est pas tenu de combattre et le principe est général, soit qu’il s’agisse, ou de l’esclave proprement dit ; ou de l’esclave Modabbir, celui à qui la liberté est promise après la mort de son maître ; ou de l’esclave Mokâtib, celui à qui la liberté est acquise après le paiement d’un certain prix convenu, lors même qu’il aurait déjà acquitté la majeure partie de ce prix ; ou enfin de l’affranchi imparfait, c’est-à-dire, celui qui est en partie esclave et en partie libre. À quelque classe qu’il appartienne, l’homme qui se trouve dans les liens de l’esclavage, n’est pas tenu de porter les armes, quand même son maître lui en donnerait l’ordre ; mais le maître allant à la guerre, peut emmener son esclave pour le servir. Néanmoins