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« Nous avons voulu, » dit-il, « connaître la charité de vous tous, d’autant plus que quiconque mourra dans cette guerre en combattant pour la foi, ce que nous sommes bien loin de souhaiter, entrera sûrement dans le royaume céleste. »[1] Et Léon iv dit encore dans une autre occasion : « Employez-vous de toutes vos forces, sans crainte et sans faiblesse contre les ennemis de la sainte foi et les adversaires de toutes les religions, car si quelqu’un de vous vient à succomber, le Tout-Puissant saura qu’il est mort pour la vérité de la foi, le salut de la patrie, la défense des Chrétiens et il lui accordera les récompenses célestes. »[2]

Lorsque les Infidèles envahissent le territoire musulman ou font marcher une armée sur ses frontières, chacun est tenu de repousser l’ennemi de tout son pouvoir. Si les circonstances permettent de se préparer à la guerre et de rassembler une armée, aucun Musulman n’est exempt de prêter son secours, qu’il soit riche ou pauvre, libre ou esclave. Les femmes elles-mêmes n’en sont pas affranchies, pourvu qu’elles aient assez de force physique : et ce devoir doit-être accompli lors même que les maîtres n’en auraient pas donné la permission à leurs esclaves, les maris à leurs femmes, les créanciers à leurs débiteurs, les parens à leurs enfans ; lors même que l’Imam ne l’aurait point ordonné.

Imam veut dire proprement pontife ou prince, et dans tout le cours de cet écrit, nous employons le mot prince pour désigner le même personnage que les Musulmans appellent Imam. Ils entendent par cette expression, celui qui commande au corps de la nation avec une autorité souveraine, tant sous le rapport religieux, que sous le rapport civil, comme par exemple le Sultan des Turcs, le Shah de Perse, etc. En effet chez les Musulmans, les pouvoirs religieux et civils se réunissent dans la même personne ; aussi ces peuples ont-

  1. Omnium vestrûm nosse volumus charitatem quoniam quisquis, quod non optantes dicimus, on hoc belli certamine fideliter mortuus fuerit regna illi cœlestia minime negabuntur. C. omnium 23. Quæst. 5.
  2. Omni timore ac terrore deposito contra inimicos sanetæ fidei et adversarios omnium religionum agere utiliter studete. Novit enim Omnipotens si quilibet vestrum morietur, quod pro veritate fidei et salvatione patriæ ac defensione Christianorum mortuus est, et ideo ab eo præmium cæleste consequetur. C. omnium 23. Quæst. 8.