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traient pas la sainteté de ces mois, c’est-à-dire, aux Chrétiens et aux autres peuples non musulmans.

On lit dans le Koran ainsi que dans les Hadith ou traditions des dires et gestes de Mahomet et des douze pontifes ou successeurs du Prophète que de tous les Croyans les Persans seuls ont en grande vénération et qu’ils appellent Imams c’est-à-dire, pontifes ou princes, on lit, disons-nous, une infinité de passages qui recommandent de faire la guerre aux Infidèles. (Qu’il nous soit permis de désigner ainsi ceux qui ne professent pas la religion musulmane.) Il y est dit qu’il n’y a pas d’action plus belle au monde que de prendre les armes pour marcher à cette guerre ; que ceux qui trouvent la mort en combattant, tombent comme des martyrs dans le sentier de Dieu ; que le glaive est la clef du ciel et de l’enfer ; que rien n’est plus agréable à Dieu que la moindre goutte de sang répandue pour la cause de la religion et que la défense des frontières pendant une seule nuit est plus méritoire qu’un jeûne de deux mois. C’est à cela que se rapportent ces paroles de Mahomet : « Dieu ne permet pas au feu de l’Enfer de brûler celui dont les pieds se sont couverts de poussière dans le sentier de Dieu ; » et ces autres paroles : « Ne dites pas que ceux qui ont été tués dans le sentier de Dieu sont morts ; dites, au contraire, qu’ils sont vivans ! »[1] et enfin toute la dixième surate du Koran, ainsi qu’une multitude de sentences éparses dans le même livre. C’est encore à cela que se rapporte le passage suivant de Busbecq dans la troisième de ses lettres sur son ambassade en Turquie :

« Les Turcs sont persuadés que les âmes des hommes courageux tués à la guerre sont celles qui montent au Ciel escortées de plus de mérites et même les jeunes filles adressent chaque jour à Dieu des prières et des vœux pour leur salut. »[2]

Jadis le droit canonique a consacré en Europe la même doctrine afin sans doute qu’à cet égard la condition des Chrétiens ne soit pas inférieure à celle des Musulmans. En effet, le pape Nicolas écrivant à l’armée des Français place parmi les bienheureux les soldats tués à la guerre contre les mécréans.

  1. Koran, Sur. ii V. 149.
  2. Habent hoc in opinione Turcœ, ut nullorum animas majore compendio in cœlum evolare credant, quam virorum fortium qui in bello ceciderunt, pro quorum etiam incolumitate virgines quotidie ad Deum preces et vota faciunt. Édit. Elzévir de 1633 p. 251.