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MES SOUVENIRS

ment impérial eut connaissance de cette affaire, et le gouverneur de Pétersbourg, arrivant à l’improviste à la bibliothèque du couvent, fit enlever tous les papiers relatifs aux reliques en question qui étaient chez le prieur et dans lesquels se trouvait aussi la correspondance du prieur de Sainte-Catherine.

Il y aurait eu aussi un motif plus grave. La véritable cause de cette rigueur aurait été la conversion d’une dame russe, Mme Aplechéef, qui s’était faite catholique grâce au zèle du prieur de Sainte-Catherine. L’Empereur s’était montré quelque temps auparavant fort irrité du changement de religion de M. Balabine, frère de l’ancien secrétaire de Russie à Paris, qui venait de se faire jésuite.

Le nombre des catholiques à Saint-Pétersbourg s’élevait à dix mille, en ne comprenant pas dans ce chiffre quinze à dix-huit cents soldats de la garnison. Il y avait autrefois un régiment presque tout entier composé de catholiques, celui d’Esthuanie ; mais le gouvernement en conçut de l’ombrage, et la plupart des soldats catholiques qui le formaient furent par suite incorporés dans d’autres régiments et remplacés par des hommes de la religion grecque.

On ne comptait dans cette ville que trois églises catholiques, toutes fort pauvres en comparaison des