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CHAPITRE TROISIÈME

lui toutes les fois qu’il voulait récompenser un des officiers supérieurs approchant de sa personne. Il contenait une suite de notes dans lesquelles la position des généraux et de ses aides de camp était minutieusement déterminée, ainsi que le nombre et l’espèce de cadeaux et de décorations que chacun d’eux avait reçus.

On y trouvait des détails intimes et curieux concernant les hommes les plus haut placés de la Russie ; les dons les plus petits y étaient enregistrés comme les plus considérables ; à côté du présent d’un million, on remarquait celui d’un bijou et les sommes énormes qu’on avait dépensées pour acheter le général Jomini et l’enlever à son pays. Cette pièce ne prouvait que trop que l’orgueil et la cupidité étaient les ressorts dont l’Empereur se servait souvent pour conduire et s’attacher ceux qui l’entouraient.

Malgré le soin extrême que l’on mettais à cacher les moindres actes du gouvernement, j’appris que l’on se préparait à faire une expédition au Japon dans le but d’étendre le commerce et la puissance russes dans ces mers où la Russie partageait déjà avec l’empire du Japon l’archipel des îles Kouriles.

Vers cette époque, il se produisit entre la Russie et la Suède un différend qui n’eut pas de suite sérieuse, mais qui ne laissa cependant pas que de