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MES SOUVENIRS

il était aide de camp de ce prince. Courtisan, homme d’esprit, il sut plaire à son successeur, qui, depuis lors, le combla de présents et d’honneurs. Le prince Tchernicheff était celui de tous les ministres qui avait les plus fréquents rapports avec l’Empereur. Il se rendait chaque jour à huit heures du matin près de lui. L’Empereur était plein d’égards pour son vieux ministre, et peu de temps auparavant il lui en avait donné une marque flatteuse. Le Tzar demeurait au troisième étage de son palais, presque sous les toits. Voyant que l’âge avancé de son ministre lui rendait de plus en plus pénible de monter si haut, il eut la délicate attention de transférer son cabinet de travail au premier étage afin de diminuer sa fatigue.

Le prince Tchernicheff fut remplacé au ministère de la guerre par le prince Dolgorouki, qui depuis quelque temps exerçait déjà les fonctions d’adjoint auprès de lui. Le prince Dolgorouki appartenait à une des plus grandes familles de Russie ; il avait épousé Mlle de Saint-Priest, fille de l’ancien pair de France. C’était un homme jeune encore et qui avait du mérite.

Je parvins à me procurer et j’envoyai au gouvernement français l’extrait d’un livre qui ne quittait pas la table de l’Empereur et qui était consulté par