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ii

Napoléon III paraît un instant l’arbitre de l’Europe. Chacun à l’envi loue son génie, et en France bien peu d’esprits sont assez clairvoyants pour prévoir à quel point sont grosses de désastres les erreurs de sa politique étrangère. Abaisser la Russie dans l’intérêt de l’ingrate Angleterre était une première faute. Une faute plus grave allait être commise. Le lendemain du coup d’État le Prince Président avait dit au ministre de Sardaigne « Je ferai quelque chose pour l’Italie[1]. » Ce quelque chose devait être l’abandon de la politique traditionnelle de la France en Italie, que résume si bien la dépêche de M. Bastide, ministre des affaires étrangères du général Cavaignac, déjà citée dans le premier volume

« Ce serait déjà pour la France et pour l’Italie un fait assez grave que la création, au pied des Alpes, d’une monarchie de onze à douze millions d’habitants, appuyée sur deux mers, formant à tous les égards une puissance redoutable, sans que cet État, ainsi constitué, dût encore absorber le reste de l’Italie.

« Nous pourrions admettre l’unité italienne, mais sous la forme et sous le principe d’une fédération

  1. Les Débuts de l’indépendance italienne, par le comte de Reiset, p. 465.