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CHAPITRE DEUXIÈME

Frappé de ma contenance et convaincu par la fermeté avec laquelle j’exprimais cette demande que nous ne supporterions jamais une pareille injustice, le lieutenant général de police se confondit aussitôt en excuses et me promit de faire mettre immédiatement notre compatriote en liberté. Il était au moment d’être dirigé sur la Sibérie avec une chaîne de déportés. J’eus la satisfaction de le rendre à sa famille, qui le fit partir elle-même pour la France peu de jours après.

Toutes les fois que je voyais M. de Nesselrode, il me parlait d’une manière toute naturelle de la France, mais en glissant légèrement sur les faits et en écartant tout ce qui pouvait se rapporter au rétablissement de l’Empire. Cependant, lors du discours de Bordeaux, il m’en fit l’éloge à cause des espérances de paix qu’il faisait concevoir. Le chancelier ne s’était pas autrement expliqué, et, de mon côté, je n’avais pas cru devoir rechercher un plus grand épanchement de sa part. Sortant ensuite de la réserve que lui imposait ce sujet, le comte de Nesselrode me parla avec abandon et avec intérêt du temps où, faisant partie de l’ambassade russe à Paris, il avait connu la reine Hortense et le Prince dans son enfance.

Nous étions reçus dans la haute société russe avec