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MES SOUVENIRS

table signification de son langage était que le Président ne devait pas, selon lui, songer à changer la forme de son gouvernement.

Cette pensée se manifestait tout entière et d’une façon plus franche et même imprudente chez d’autres dont la position, quoique éminente, ne leur imposait cependant pas les mêmes ménagements. Ce qui me faisait croire, à n’en pas douter, que les sentiments témoignés par ceux-ci envers la France étaient, en effet, les dispositions de l’Empereur, c’est qu’à Saint-Pétersbourg, surtout dans la région la plus élevée de la société, on est trop courtisan pour n’être pas le reflet de la cour et trop prudent pour oser émettre une pensée, exprimer un sentiment, sans s’être bien assuré qu’ils sont les pensées, les sentiments même de l’Empereur.

Tout en croyant à la fausseté d’un prétendu traité contre la France, dont avaient parlé quelques journaux anglais, et qui avait été hautement désavoué par l’Empereur, j’étais arrivé cependant à la conviction que l’auteur de cette note avait su pénétrer sa pensée la plus intime, car plus d’une fois j’entendis énoncer non seulement les mêmes Idées, mais souvent les expressions même de cette pièce apocryphe.

Depuis mon arrivée à Pétersbourg, je m’appli-