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MES SOUVENIRS

rua sur son passage en faisant entendre les acclamations les plus chaleureuses. Les cris de : Vive l’Empereur ! vive l’Italie ! retentirent jusqu’à la Bastille, comme une traînée de poudre.

J’avais va la veille l’Empereur aux Tuileries ; je lui avais adressé mes vœux en prenant congé de lui. J’avais eu la curiosité de le voir passer encore dans la rue de Rivoli au moment de son départ. Je m’étais donc placé au coin de la grille du Louvre, derrière un sergent de ville qui m’avait paru un peu moins rigoureux que les autres. Lorsque la calèche passa, je fis quelques pas en avant. L’Empereur me vit, me fit un signe de la main pour bien faire voir qu’il me connaissait. « Ah l’Empereur vous connait bien, monsieur », me dit le sergent de ville, et il me laissa passer. Je pus m’approcher de l’Empereur, qui me tendit la main en souriant. « Que Dieu protège Votre Majesté ! » m’écriai-je. À ce moment la foule, dans son enthousiasme, voulait absolument dételer les chevaux et traîner la voiture Impériale jusqu’à la gare. L’Empereur debout et dominant cette scène s’y opposa. « Je suis en retard, dit-il ; il faut que j’arrive promptement à la gare. Merci, mes amis. » D’après d’autres personnes, il aurait ajouté : « Ne m’arrêtez pas ; l’ennemi est là-bas. L’armée française m’attend pour le combat et la délivrance de l’Italie. »