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CHAPITRE TREIZIÈME

fait venir le duc de Padoue, cousin de Mme de Sancy de Parabère, et lui avait dit « Mon cher duc, je viens vous demander de me rendre un service. J’ai pensé à vous pour être ministre de l’intérieur. » Le duc, qui ne s’y attendait nullement, en fut fort surpris ; il répondit qu’il n’avait rien à refuser à l’Empereur. L’Empereur l’embrassa alors et lui expliqua ses intentions et ses vues pendant son absence. La duchesse de Padoue fut désolée d’apprendre que son mari avait accepté une si lourde tâche dans un moment si critique. La nomination du duc de Padoue fut bien accueillie par l’opinion ; on le savait dévoué à l’Empereur et très honnête.

Avant de partir des Tuileries, l’Empereur embrassa mon beau-trère d’Arjuzon en lui disant qu’il le ferait venir en Italie s’il voyait la nécessité d’y avoir un chambellan. Il s’approcha de la duchesse de Cambacérès qui pleurait et l’embrassa, ainsi que le duc de Bassano. Il donna des poignées de main à ceux qui l’entouraient, et il monta en calèche découverte, ayant à sa gauche l’impératrice ; le colonel Reille était sur le devant. Ce fut une ovation lorsqu’il sortit du guichet des Tuileries pour entrer dans la rue de Rivoli ; toutes les fenêtres étaient garnies de monde, les femmes agitaient leurs mouchoirs en jetant des bouquets sur la voiture de l’Empereur. La foule se