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MES SOUVENIRS

moment en apporta le prince impérial. L’Empereur, les larmes aux yeux, l’embrassa à plusieurs reprises sur les marches du vaste portique du pavillon de l’Horloge. L’Empereur remit son fils aux mains d’une de ses gouvernantes qui pleurait, et durant toute cette scène le petit prince ne cessait de crier : Papa ! papa ! papa ! en l’embrassant de tout son cœur. Avant de partir, l’Empereur, qui était en petit uniforme, ayant aperçu parmi les personnes présentes le maréchal Randon, le prit à part et causa quelques minutes avec lui dans le salon des huissiers, lui donnant sans doute ses derniers ordres et adoucissant par des témoignages de confiance le regret que le maréchal éprouvait de ne pas partir pour l’Italie. L’Empereur savait qu’il n’était pas satisfait de sa récente nomination au ministère de la guerre. « Il parait que l’Empereur me préfère le maréchal Vaillant, avait-il dit, et qu’à ses yeux je ne suis qu’un bon administrateur, voilà tout. » Il était très peiné de ne pas suivre l’Empereur, et il ne s’en cachait pas.

Pendant ce temps l’Impératrice montrait à Mmes de Lourmel et de Rayneval, qui étaient ce jour-là de service auprès d’elle, des portraits de l’Empereur et du prince impérial qui avaient été faits la veille par le photographe Disdéri.

Quelques jours ayant le départ, l’Empereur avait