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CHAPITRE TREIZIÈME

jeudi 21 avril, à dix heures et demie du soir, Frédéric de Billing fut chargé par le comte Walewski de porter à l’Empereur la dépêche télégraphique par laquelle le cabinet autrichien refusait les quatre propositions appuyées par les grandes puissances. Après l’avoir lue attentivement, Napoléon III, révélant sa pensée secrète, dit : « Ah ! c’est un refus ; je craignais qu’ils n’acceptassent. » Le 23, à quatre heures, les envoyés autrichiens portèrent à M. de Cavour la lettre du comte Buol sommant brutalement le Piémont de désarmer et de renvoyer les volontaires dans un délai de trois jours.

C’était la guerre. Le dernier train du chemin de fer partait de Turin pour Milan à cinq heures moins un quart. Le comte de Cavour n’ayant remis sa réponse aux envoyés autrichiens qu’à six heures, ils ne purent le prendre. Fort embarrassés et ne voulant pas rester jusqu’au lendemain dans une ville ennemie, ils se rendirent auprès de M. de Cavour et lui demandèrent de mettre un train spécial à leur disposition. Le ministre piémontais y consentit avec une bonne grâce pleine de courtoisie, et les envoyés, qui venaient de porter la guerre, quittèrent Turin en usant des généreuses facilités accordées par leurs ennemis.

On dut se hâter en France pour former l’armée qui devait marcher au secours du Piémont. Il y avait