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CHAPITRE DOUZIÈME

leur subordonnera, je l’espère bien, ses propres intérêts et ceux de l’Europe. Elle a d’ailleurs trop de modération pour prétendre trancher à elle seule la question piémontaise, sous laquelle se cache celle de l’unité de l’Italie. Son rôle se borne donc aujourd’hui à s’en occuper activement, à engager les autres puissances à s’en occuper de même, et à continuer à semer ainsi les jalons dont les premiers ont été posés par elle, il y a quelques années, dans les conférences de Paris, et qui mèneront sûrement tôt ou tard à ce congrès européen où se régleront définitivement les destinées de l’Italie. Que ce beau et intéressant pays attende donc avec un peu plus de patience et de confiance le résultat des bons offices de la France, et qu’il se garde bien d’en reculer le moment ou d’en compromettre d’avance le succès par des actes aussi imprudents et intempestifs que le serait un mouvement révolutionnaire ou une déclaration de guerre du Piémont à l’Autriche.

J’ai assurément beaucoup de sympathie pour l’Italie, mais avant tout je suis Français, et il ne faut pas marcher trop vite, aveuglément, car l’unité de l’Italie que certains souhaitent produirait du même coup l’unité de l’Allemagne, que nous avons tout lieu de craindre dans l’avenir et d’éviter dans notre propre