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CHAPITRE DOUZIÈME

appartements du roi Charles-Albert et de la reine Marie-Thérèse qui étaient contigus. Le docteur Riberi était allé chez le prince Napoléon pour lui parler de la grande jeunesse de la princesse et des ménagements que son âge exigeait. Pendant les deux premiers mois les nouveaux époux passèrent la nuit dans des appartements séparés : le prince Napoléon l’avait promis pour que la santé de la princesse ne souffrît pas d’un mariage prématuré. Mme de Villamarina couchait dans son appartement afin de veiller à ce que cette condition fût respectée.

Le 1er février 1859, le prince Napoléon et la princesse Clotilde s’embarquèrent à Gênes à bord de la Reine-Hortense, aux cris mille fois répétés de Vive l’Empereur ! Victor-Emmanuel accompagna sa fille jusque hors du port. Quand il la quitta, il lui prit la tête dans les deux mains et il l’embrassa avec effusion, les larmes aux yeux. La princesse garda une impassibilité étonnante ; son extrême pâleur trahissait seule son émotion.

Lors de son entrée à Paris, le couple impérial fut assez froidement accueilli. « Elle porte la guerre avec elle », disait-on dans la foule. Mais à la cour l’impression fut excellente. On trouva la jeune princesse fort agréable : elle plut à tout le monde. Le samedi 5 février, dès son arrivée, l’Impératrice lui