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MES SOUVENIRS

pour l’enlever. Elle se tourna vers le prince et lui dit en souriant, mais avec un petit air très impératif : Eh bien est-ce que vous ne m’aiderez pas ? ce qu’il fit alors avec empressement et très adroitement. La princesse prononça à haute et intelligible voix le oui sacramentel mais elle, toujours si rose, était d’une grande pâleur ; ses lèvres, toutes blanches aussi, tremblaient. Qu’a-t-elle pensé pendant ces quinze jours ? Personne ne le sut. Elle avait un très grand pouvoir sur elle-même, et elle n’avait aucun besoin de faire des confidences. Elle dit seulement qu’elle avait prié avec ferveur, demandant à sa mère de la guider dans sa décision et que maintenant elle était tranquille.

Le roi de Wurtemberg, se trouvant à Nice, envoya son grand écuyer, le baron de Taubenhein, pour complimenter le Roi à l’occasion du mariage. À un dîner chez le comte de Cavour où la marquise Salvator de Villamarina faisait les honneurs, le prince Napoléon avait dit : « Je crains qu’on ne dise du mal de moi à la princesse. Il ne faut pas lui parler de mon passé : l’avenir ne lui ressemblera pas. »

Les nouveaux mariés partirent pour Gênes deux heures après la bénédiction nuptiale. Le Roi et le prince de Carignan les accompagnèrent. Le prince Napoléon et la princesse Clotilde occupèrent les