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MES SOUVENIRS

sibles la demande de l’Empereur, qu’arrivera-t-il ? L’alliance sera-t-elle rompue ? C’est possible, mais je ne le pense pas. L’alliance se fera. Mais l’Empereur y apportera une disposition d’esprit toute différente de celle qu’il y aurait mise si, pour prix de la couronne d’Italie qu’il offre à Votre Majesté, elle lui avait accordé la main de sa fille pour son plus proche parent. S’il y a une qualité qui distingue l’Empereur, c’est la constance dans ses amitiés et dans ses antipathies. Il n’oublie jamais un service, comme il ne pardonne jamais une injure. Or le refus auquel il s’est exposé serait une injure sanglante, il ne faut pas se le dissimuler. Ce refus aurait encore un autre inconvénient ; il nous mettrait dans les conseils de l’Empereur un ennemi implacable ; le prince Jérôme Bonaparte, plus Corse encore que son cousin, nous jurerait une haine mortelle, et la position qu’il occupe, celle à laquelle il peut aspirer, l’affection, je dirais presque la faiblesse que l’Empereur a pour lui, lui donneraient beaucoup de moyens de satisfaire cette haine. Il ne faut pas se le dissimuler, en acceptant l’alliance proposée, Votre Majesté et sa nation se lient d’une manière indissoluble à l’Empereur et à la France. »

Cavour passait ensuite en revue les alliances contractées par des princesses de la maison de Savoie