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MES SOUVENIRS

une tournure toujours plus menaçante. Les émigrés lombards établis en Piémont, secrètement encouragés par le comte de Cavour, fomentaient l’insurrection dans toutes les parties de la Péninsule et cherchaient à rendre la guerre inévitable. M.  de Cavour, comprenant que le moment approchait de réaliser son grand dessein, mais trop éclairé pour avoir la pensée que le Piémont seul pût se mesurer avec l’Autriche, resserrait autant qu’il le pouvait les liens qui attachaient le Piémont à la France dont il voulait obtenir l’alliance offensive. C’est alors qu’eut lieu la fameuse entrevue de Plombières où il exposa le plan d’une rupture avec l’Autriche. Napoléon III écouta avec une certaine sympathie, mais il en profita pour parler de nouveau du projet de mariage, feignant de n’avoir pas compris le refus assez explicite qui lui avait été fait l’année précédente. Ce désir persévérant de l’Empereur parut à Cavour une occasion excellente de l’entraîner où il voulait le conduire. Il fit tout un roman de l’excessive tendresse du Roi pour sa fille, de la grande difficulté qu’il y aurait à le déterminer à s’en séparer, la princesse étant encore si jeune, à moins qu’on ne pût lui représenter ce sacrifice comme nécessaire au salut du pays. Il obtint de l’Empereur la promesse, sinon par écrit, du moins de vive voix, d’intervenir en faveur