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MES SOUVENIRS

reur et lui avoir adressé la parole sans aucune autorisation ! Le pauvre Vernet n’en croyait pas ses yeux ; il avait beau expliquer qu’il était attaché comme acteur au théâtre français, que sans lui la représentation manquait, et enfin que c’était l’Empereur lui-même, dans la rue de la Grande Perspective, qui était venu à lui, on ne voulut pas l’écouter, et il fut mis en bonne cellule.

Vers huit heures du soir, à l’ouverture du théâtre, l’Empereur et l’Impératrice, se réjouissant d’applaudir Vernet, arrivèrent dans leur loge, et c’est là que M. de Guédeonoff apprit a Leurs Majestés que Vernet n’était pas au théâtre pour jouer la pièce. « J’ai envoyé, dit-il, chez lui inutilement ; on ne sait ce qu’il est devenu, et nous sommes tous très inquiets de lui. »

« Allons donc ! dit l’Empereur, j’ai rencontré Vernet aujourd’hui même dans la Perspective à la tombée de la nuit, et il me semblait gai comme toujours et très bien portant ; qu’on s’adresse de suite au général Dubelt, directeur de la police, et qu’on m’amène M. Vernet immédiatement ; sans cela je me fâcherai. » En effet, après quelques promptes recherches, on apprit à l’Empereur ce qui était arrivé.

Vernet, hors de prison, se prépara à paraître en scène et joua son charmant vaudeville aux applau-