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CHAPITRE ONZIÈME

tion du droit d’asile. Elles amenèrent un conflit entre le comte Walewski, ministre des affaires étrangères, et M. de Persigny, ambassadeur à Londres. Le comte Walewski annonçait qu’il se retirerait si M. de Persigny avec lequel il était en termes assez aigres était maintenu. L’Empereur fit parvenir à ce dernier le conseil de donner sa démission. Ce fut le maréchal Pélissier qui le remplaça. Un sénateur, félicitant le maréchal de sa nomination, lui dit qu’il pourrait profiter de sa situation à Londres pour étudier à loisir les forces de l’Angleterre, visiter les casernes et les arsenaux, ce qui pouvait être très utile dans le cas où éclaterait une guerre avec notre alliée. « Ah cà, monsieur, répliqua le maréchal de son ton le plus rude, me prenez-vous donc pour un espion ? » Et il tourna le dos à son malencontreux interlocuteur.

À Londres, lord Palmerston venait d’être renversé par un vote du Parlement. Lord Derby l’avait remplacé. M. Disraeli était dans le nouveau cabinet chancelier de l’Échiquier. De son aveu même, la paix entre la France et l’Angleterre était alors fort compromise. Cœur passionné, M. de Persigny avait soutenu avec trop d’ardeur l’ancien ministère, il s’était trop identifié avec son parti pour rester ambassadeur près du gouvernement qui venait de le remplacer. Il