Page:Reiset - Mes souvenirs, tome 2.djvu/368

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
358
MES SOUVENIRS

ponceau, ayant le Prince impérial sur ses genoux.

La grande-duchesse Stéphanie avait beaucoup connu la grand’mère de ma femme, la comtesse Lefebvre-Desnoettes, qui s’appelait comme elle Stéphanie et avait été élevée avec elle chez Mme Campan. L’hôtel Bonaparte, d’après elle, était d’abord destiné aux Tascher : mais Napoléon ier préféra le donner au général Lefebvre-Desnoettes, son ami et son aide de camp, qui avait épousé sa cousine — Mlle Rolier-Benielli.

La grande-duchesse Stéphanie ne tarissait pas sur l’extrême bonté de l’impératrice Joséphine. Un jour, pendant qu’on était à déjeuner, on vit dans l’avenue de la Malmaison une voiture qui s’approchait. Il en descendit une jeune femme fort jolie avec un petit garçon. Personne ne la connaissait, sauf l’Impératrice qui la combla de prévenances. Elle fit ajouter deux couverts pour la nouvelle venue et son enfant. Après le déjeuner, la conversation s’étant portée sur les toilettes et les chapeaux, l’Impératrice fit cadeau à la belle inconnue d’un chapeau que tout le monde avait admiré et donna à l’enfant de superbes jouets.

— « Eh bien ! dit-elle à Stéphanie, que dis-tu de ce bel enfant ? Comme il lui ressemble, n’est-ce pas ?

— « À qui, madame ? » répondit-elle.

— Mais à l’Empereur. Ne sais-tu pas qui est