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MES SOUVENIRS

l’Impératrice. Celle-ci s’étant levée, il se mit contre la porte peur lui barrer le passage. « Suis-je, oui ou non, l’Impératrice ? » dit-elle avec un accent de colère. M. de Marnésia, tout pâle d’émotion, ne répondit rien, mais ne bougea pas. « Eh bien ! puisque vous ne voulez pas me laisser passer par cette porte, s’écria l’Impératrice, je sortirai par une autre et j’irai trouver cet homme. » Elle sortit suivie de Mme de Sancy, mais M. de Marnésia l’avait prévenue et s’était empressé de faire disparaître l’individu cause de tant d’orages.

Quand l’Empereur rentra, il trouva sa femme toute bouleversée. De son côté, M. de Marnésia lui apporta sa démission. Le personnage était, parait-il, un jeune homme exalté et amoureux, qui avait juré d’embrasser l’Impératrice. L’Empereur blâma M. de Marnésia de ne pas avoir dit tout simplement la vérité à l’Impératrice, ce qui eut évité une scène pénible. Celle-ci se plaignait que dans d’autres circonstances, notamment dans son dernier voyage aux Pyrénées, M. de Marnésia, sous prétexte de responsabilité, avait voulu faire le mentor vis-à-vis d’elle. « Je ne veux pas qu’on me traite en enfant ; qu’on le sache bien, disait-elle. Qu’arriverait-il si, dans un moment de danger, par exemple, on n’obéissait pas à mes volontés, si j’avais besoin un jour de monter à