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MES SOUVENIRS

L’Empereur s’y opposa. « Non, non, dit-il en riant ; d’après le Code civil, la recherche de la paternité est interdite. » On prétendit que l’enfant était la fille d’un sénateur légitimiste, trop facilement nommé par l’Empereur. M. Vieillard, malgré son attachement pour l’Empereur, affectait de n’appeler l’Impératrice que la femme du prince ». On se donna le mot pour lui faire croire qu’il allait recevoir en apanage un chalet situé dans une vallée qu’il affectionnait aux environs de Saint-Cloud, et qu’il en porterait le nom avec le titre de marquis. On s’aperçut que l’idée ne lui en était pas désagréable, et que son républicanisme s’en amadouait. L’Impératrice, qui était du complot, s’en amusait fort.

Les généraux Canrobert et Bosquet avaient été nommés maréchaux. L’Empereur le leur annonça à un dîner auquel il les avait invités. Le maréchal Bosquet en fit part immédiatement à sa vieille mère par une dépêche télégraphique très laconique et très touchante :

« Ma chère mère, priez Dieu pour l’Empereur.

« Le maréchat Bosquet. »

L’étiquette était loin d’être sévère dans la vie intime des Tuileries. Le jour des relevailles de