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CHAPITRE ONZIÈME

l’Odéon, au moment où l’Empereur et l’Impératrice entraient dans leur loge, un étudiant se mit à chanter d’une voix retentissante un vers de la chanson du Sire de Framboisy :

Corbleu, madame, que faites-vous ici ?

auquel répondit un autre étudiant de l’extrémité opposée de la salle :

J’dans’le cancan avec tous mes amis.

L’Empereur s’avança sur le bord de la loge et regarda la foule avec calme. La représentation continua sans autre incident. On racontait que l’Empereur et l’Impératrice se promenant autour du lac du bois de Boulogne rencontrèrent une charmante petite fille jouant, sous la garde de sa bonne, à quelque distance de la voiture de ses parents. L’Impératrice, frappée de la gentillesse de l’enfant, l’embrassa tendrement, puis elle lui dit :

— Maintenant, tu vas aussi embrasser l’Empereur.

— Non, répondit l’enfant avec une petite moue, je ne veux pas embrasser l’Empereur.

— Et pourquoi cela ?

— Parce que papa dit toujours que c’est un grand coquin.

Les personnes de la suite voulaient s’informer du nom des parents de cette petite révoltée.