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MES SOUVENIRS

Je rapportai à mon frère Frédéric le propos de l’Impératrice. Il me dit qu’il l’avait rencontrée avant son mariage chez le comte de Nieuwerkerke qui faisait son buste. Celui-ci lui ayant demandé son avis, il lui fit remarquer que Mlle  de Montijo avait les joues plus fortes vers le bas que le buste en préparation. « Je me suis mis, me raconta-t-il, à la place de Nieuwerkerke, regardant bien en face Mlle  de Montijo qui était charmante dans son costume espagnol, et je montrai sur le buste les différences qui pouvaient nuire à la ressemblance. Nieuwerkerke fut de mon avis et retoucha son œuvre. Mais Mlle  de Montijo n’en fut pas satisfaite, et plus tard, devenue impératrice, elle demanda à Nieuwerkerke de lui faire un nouveau buste. — Mais surtout, ajouta-t-elle, ne prenez pas les conseils de votre ami M. de Reiset qui m’a si fort enlaidie. »

Mlle  de Montijo était accompagnée de sa femme de chambre Pepa qui l’avait suivie aux Tuileries. Cette excellente Pepa, fille d’un receveur de la loterie à Madrid, était très attachée à l’impératrice, mais très jalouse de tous ceux qui l’approchaient, de ses couturières, de ses modistes, surtout de Mme  Ode dont les chapeaux avaient alors une grande vogue. Elle était première femme de chambré de l’Impératrice, et elle avait épousé un officier. Elle donnait à Saint-