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MES SOUVENIRS

éblouissante de charme et de beauté. Elle était simplement mise : une robe de taffetas gris à volants, ornée de dentelles noires, et un bonnet de dentelle noire noué sous le menton avec quelques roses sur le côté. Le Prince impérial était en robe blanche avec des rubans et des pompons bleus, bien frais, bien rose, paraissant d’une santé parfaite. « Marchez beaucoup, dit-elle à Blanche. Ah ! si j’étais de nouveau dans votre état, je ne manquerais pas de le faire, car j’ai bien souffert de ne pas avoir obéi en cela aux avis des médecins. » La conversation s’engagea sur les récentes aventures de la duchesse de Gênes. « Plus une femme est dans une haute position, dit l’Impératrice, plus elle doit tenir à l’opinion publique. » Puis elle nous parla des incidents du voyage de Victor-Emmanuel à Paris. « J’aime beaucoup le roi de Sardaigne, dit-elle ; il me paraît loyal et franc. Le premier jour que je l’ai vu, il me fit assez peur avec ses gros yeux et sa grosse voix. Je portais ce soir-là, par hasard, une robe jaune avec des dentelles noires. — Ah ! dit-il brusquement, est-ce pour me faire plaisir que vous portez cette robe-là ? – J’étais tout interdite, lorsque je me rappelai que ma malheureuse robe était aux couleurs autrichiennes. Non, lui répondis-je ; je n’ai pas mis cette robe à votre intention, mais voici un bijou que je porte avec plaisir,