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CHAPITRE DIXIÈME

leries. J’y ai assisté chez les Tascher de la Pagerie. L’Empereur avait placé le duc de Cambridge du côté des troupes, reculant son cheval de quelques pas pour lui laisser le premier rang. L’Impératrice était au balcon avec la princesse Mathilde. Le coup d’œil était superbe.

Le 4 février, il m’arriva une curieuse aventure à un bal masqué chez les Tascher. On savait que l’Empereur et l’Impératrice devaient s’y trouver. J’étais en domino rose. Je ne sais comment il se fit qu’on me prit un instant pour l’Empereur, notamment une Anglaise d’une grande beauté qui venait d’arriver à Paris. Je m’étais mis à marcher comme lui en me dandinant de gauche et de droite, selon son habitude. J’eus un certain succès ; les propos que l’on me tenait ne permettaient pas de douter de la méprise qui était commise, et je crus prudent de terminer promptement cette comédie. Je la racontai après à l’Empereur, qui en rit de bon cœur.

L’événement du jour était alors le mariage du jeune prince Poniatowski avec Mlle Le Hon. M.  de Morny donnait à la jeune fiancée un million et son petit hôtel des Champs-Élysées : la niche à Fidèle.

À cette époque, la rupture de la liaison du comte de Morny avec Mme Le Hon était résolue depuis quelque temps. Lors du couronnement de l’empereur de